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Photo du rédacteurPhilippe Berrached, aa

C’est moi qui vous ai choisis

Evangile du 6e dimanche de Pâques B (Jean 15, 9-17)



Voici un évangile connu, peut-être trop connu. Pour l’entendre aujourd’hui, nous avons besoin de le relire dans l’ensemble de l’Évangile de Jean.

Au début de son Évangile, Jean relate un dialogue entre Jésus et Nicodème. Nous y entendons ce fameux enseignement : « il te faut naître de nouveau, naître d’en-haut ». Une invitation à accueillir l’Esprit dans sa vie. Car la chair est chair et l’Esprit est esprit. Nous avons besoin de la force de Dieu, de son Esprit pour être avec Lui.

Ce dimanche nous entendons dans l’Évangile, une phrase tout aussi mystérieuse : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. ». Nous pouvons entendre cet enseignement avec celui qui précède. Comment avoir un fruit qui demeure sinon par le don de Dieu, comment être choisi, sinon par le don de Dieu ? Oui, naître de nouveau, c’est être choisi par Dieu, c’est porter du fruit et un fruit qui demeure.

En théologie chrétienne cette naissance, ce choix de Dieu, nous l’appelons la grâce. Pourquoi en parler, alors que nous entendons dans cet évangile : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ? Parce que l’amour n’est pas possible sans la grâce. Car il s’agit ici, non pas du sentiment humain d’affection, mais de l’amour de Dieu même. Tout est dans ce « comme je vous ai aimés », ce ‘comme’, c’est l’amour divin. Oui nous sommes appelés à aimer comme Dieu nous aime. Or, on pourrait imaginer que cet appel à l’amour est une demande éthique, une norme, une obligation. Alors on s’efforcerait par tous les moyens d’aimer. Ceci est une mauvaise interprétation du propos de Jésus, c’est une maladie qui porte le nom de Pélagianisme. Par ses propres efforts, on réussira à faire comme Dieu. C’est au final le péché originel rejoué. Par soi-même, on devient Dieu.

C’est par l’accueil de la grâce que nous pouvons aimer. Nos manques d’amour, nos manques de charité, ne sont pas le signe d’un manque de volonté ou d’éthique. C’est le signe d’un manque d’accueil de la grâce, d’un manque d’ouverture à Jésus-Christ dans notre vie.

Pour accueillir cette naissance dans haut et donc l’amour, nous avons ce chemin, cette vérité, cette vie qu’est Jésus le Fils de Dieu, Accueillons-le. C’est alors, que, comme lui, nous pourrons porter du fruit qui demeure, faire comme lui, libérer, guérir, pardonner, aimer !

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