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Contemplation et action - la spiritualité des Augustins de l'Assomption

Moines-apôtres, curieuse association de concepts. Elle exprime pourtant quelque chose de central de notre charisme: notre quête absolue de Dieu ne peut jamais être séparée de l’urgence qui nous tient d’annoncer l’Évangile du Seigneur et de mettre en oeuvre l’unique commandement de l’amour.



Notre vie chrétienne ou profane, laïque ou religieuse, est tissée de tensions inévitables. Certaines nous écartèlent, d’autres, heureusement, sont d’une étonnante fécondité. L’équilibre est un art difficile à trouver, jamais totalement acquis, sans cesse à réinventer : équilibre entre vie de famille et vie professionnelle, entre solitude indispensable et commerce avec les autres sous des formes multiples et complexes, entre engagements sociaux, politiques et temps de détente, loisirs, entre intérêts, gains, profits et gratuité, entre vie communautaire et tâches apostoliques, entre vie de prière et apostolat… Certaines interprétations spirituelles excessives nous ont entraînés dans des impasses. Que n’a-t-on dit ou écrit sur les deux figures évangéliques de Marthe et de Marie, le plus souvent pour les opposer de manière factice et stérile !


Pour le P. d’Alzon, contemplation et action sont en profonde synergie. Il n’y a aucune contradiction entre ces deux attitudes. En fondant une congrégation nouvelle qu’il a voulue ordre moderne, Emmanuel d’Alzon trouve cette formule qui nous surprend encore aujourd’hui : « moines-apôtres ». Deux références seront proposées à notre vie de prière : Jean de la Croix, le contemplatif, et saint François de Sales, le pasteur. Une autre figure est constamment sous-jacente. C’est celle de saint Augustin, à la fois vivant en communauté avec ses frères prêtres : « Vivez unanimes à la maison, ayant une seule âme et un seul cœur tournés vers Dieu », et tout entier livré à son peuple dont il a la charge pastorale: « évêque pour vous ».

La prière dont le P. d’Alzon nous trace la trame est une prière d’apôtre, entièrement tournée vers Dieu et entièrement tournée vers l’homme et les sociétés à évangéliser. Louange, action de grâce, adoration, ne neutralisent pas le zèle dévorant pour le « salut des âmes ». Certaines phrases résonnent fortement dans nos cœurs même si nous en avons parfois oublié la matérialité textuelle :


« L’apostolat n’est pas simple action humaine mais œuvre de Dieu, l’action est donc inséparable de la prière. » (Chapitre général 1987 : « La Prière apostolique », in Actes officiels, p. 33.)


« Suis-je convaincu que mon premier travail de religieux apôtre c’est la prière pour le Royaume? » (Id. p. 36.)


« Sans exercices pratiques, la communauté apostolique est plus théorique que réelle. Elle s’édifie à travers la prière apostolique, le chapitre de communauté, le partage apostolique. Ces médiations lui sont indispensables pour exister. » (Chapitre général, Rome, 2-21 mai 1999, in Passionnés de Dieu pour un siècle nouveau, n° 20.)


Équilibre difficile, mais indispensable pour garantir la disponibilité du coeur et de l’esprit et la fécondité d’une mission qui ne nous appartient pas : transmettre aux autres ce que nous avons contemplé à la source.

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