David-Marc D’HAMONVILLE, Ed. Salvator, 2021, 130 p., 13,80 €.
Désir, un mot dont le sens va du plus charnel au plus spirituel – saint Augustin n’y voit-il pas l’essence même de la prière ? De quel désir est-il donc question ici ? Le sous-titre du livre, « Quelques mots d’un moine sur un sujet sensible », ne donne pas la réponse. Eh bien, il sera question de sexe, mais l’auteur précise son propos. Il en parlera « Pour couvrir la rumeur, le bruit, le vacarme qui se fait à propos du sexe, par-dessous, par-derrière, la malveillance, l’envie, les soupçons, les sous-entendus, la pieuse indignation, tant de peurs, de venins, de jalousie, tant de paroles sans respect, sans amour, pour cela même qui devrait nous permettre de mieux aimer, d’apprendre à aimer ». Et il ajoute : « C’est à cause de toutes ces paroles laides et tristes que je voudrais laisser entendre un peu de joie. Accrocher quelques fleurs cueillies ici ou là au grand portail du désir ». L’auteur de ce livre à la fois rafraîchissant et dense est un moine. Il a été le Père abbé de l’abbaye bénédictine d’En Calcat. C’est fort d’une riche expérience humaine et spirituelle et d’une compréhension très fine de la Bible qu’il mène sa réflexion. Avec humour, mais aussi sur un mode allusif et même poétique, il remet le désir et la sexualité au cœur de ce dont ils sont inséparables : la personne tout entière, son histoire, ses blessures, ses idoles. Il invite, finalement, à laisser le désir « toujours insuffisant » se porter sur « un plus grand », car « un homme n’est riche que de ce qu’il consent à ne pas posséder ». Un très beau livre, une plongée au cœur de l’humain, un appel à l’altérité et à l’amour.
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