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Accomplir la Loi

Evangile selon Saint Luc 2, 22-40. (Année B).


Cela fait quelques temps maintenant que nous parcourons l’évangile de l’enfance en Saint-Luc. Rappelez-vous : l’annonce à Zacharie et la naissance de Jean, l’annonce à Marie, sa visite chez Élisabeth et la naissance de Jésus. Luc, à l’évidence, met en parallèle les deux avènements, celui de Jean, celui de Jésus, tout en les faisant se correspondre une première fois dans l’épisode de la Visitation. Ces histoires ont leurs points d’insistance propre. Pour Jésus, tout se passe d’abord hors-cadre, si je puis dire : l’annonciation, la naissance. C’est que la venue du Sauveur transcende toute organisation humaine et religieuse. Ce qui guide, ce n’est plus la loi des hommes, mais la loi de l’Esprit de Dieu. La loi des hommes en est l’occasion, mais la loi de l’Esprit la dépasse.


Pourtant ici, Luc a soin d’inscrire cet épisode dans une démarche des parents de Jésus en conformité avec la Loi d’Israël. Ils viennent au Temple accomplir deux rites selon ce qui est prescrit par la Loi : la purification et la consécration de l’enfant premier-né. Luc cite explicitement la loi relative à cette consécration sans toutefois parler de l’offrande pour le rachat qui y correspond, tandis que l’offrande qu’il mentionne se rapporte au rite de purification. On saura à la fin du récit que ces prescriptions, ils les auront accomplies. Mais entre-temps, voici qu’un événement inattendu prend le devant de la scène. Deux personnages font subitement leur apparition. Le premier, Syméon, est un homme de Dieu que l’Esprit conduit. Le deuxième est une femme âgée, Anne, qui est aussi prophète. Le premier « attendait la consolation d’Israël », la deuxième se met à parler de l’enfant à tout qui « attendait la délivrance (litt. le rachat) de Jérusalem ».


A côté de la tradition juive officielle, il en existe une autre, plus secrète, plus libre aussi parce que plus spirituelle, présente en ce petit peuple de gens religieux et justes, animés par l’Esprit. Ils sont habités par un sens, une inspiration qui les fait être attentifs aux moindres signes donnés par Dieu. Si bien qu’ils sont là présents au moment où arrivent au Temple Marie et Joseph avec l’enfant Jésus. Leur attente est ainsi comblée. Ils reconnaissent l’enfant et glorifient Dieu pour cette grâce unique.


Pourtant on peut se demander s’il ne faut pas dégager un lien entre le cadre légal et la rencontre qui est décrite. L’intervention prophétique de Syméon au sujet de l’enfant-Dieu étonne ses parents. C’est que l’homme en décline les caractéristiques messianiques : il est le salut pour tous les peuples, « lumière pour éclairer les païens et gloire du peuple d’Israël ». Mais à ces attributs glorieux, il associe les conditions par lesquelles ils vont être manifestés. La joie messianique fait vite place à des tribulations douloureuses. La lumière doit en effet faire son chemin au milieu des ténèbres et la gloire ne peut se révéler que dans la vérité des cœurs. Et voici que Marie elle-même est désignée dans cette (més)aventure. Avec Joseph, elle venait pour sa purification et pour la consécration de l’enfant. Mais l’enjeu est bien plus grand. Il s’agit bien d’une purification et d’une consécration, mais elles concernent l’humanité entière et son salut.


L’enfant est bien présenté au Temple pour être consacré à Dieu mais il n’est pas question de rachat, sinon en fin de compte celui de Jérusalem. Quant à Marie, la mère, elle se voit associée à la mission et la destinée crucifiante de son fils. C’est dans cette mission et cette destinée que la Loi trouvera son plein et total accomplissement.

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