Le Christ Roi de l'Univers, année C (Lc 23, 35-43)
Nous voici à la croix de Jésus. Il nous faut regarder, comme le peuple qui se tenait là, et surtout écouter. Ce qui est ici raconté se situe entre deux paroles de Jésus adressées au Père. La première : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font » (23, 34), et la deuxième, ultime, dans un grand cri : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (23, 46).
Au cœur de cette foule curieuse, certains ricanent et se moquent. D’abord, les chefs religieux, ensuite les soldats, représentant le pouvoir politique. La dérision est la même : « Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie, l’Elu, s’il est le Roi des Juifs ». Les titres messianiques sont affirmés mais ils sont décidément incompris. Jésus n’est pas le Messie espéré, ni sur le plan religieux, ni sur le plan politique. Et Dieu lui-même demeure inconnu. La tentation est grande : on voudrait un Dieu qui intervienne, qui règle les difficultés, qui arrange nos histoires. Non ! C’est méconnaître qui il est.
Pourtant, tout au long de son évangile, Luc s’est employé à nous faire découvrir le vrai visage de Dieu et son amour miséricordieux. Et cet épisode ultime de la vie de Jésus confirme l’intention de l’évangéliste. Le Jésus de la croix n’est pas sans lien avec l’enfant nouveau-né couché dans la mangeoire. L’un et l’autre sont démunis, vulnérables, livrés, dans une offrande totale. Ces tableaux sont l’expression d’une pauvreté que Dieu vient assumer.
La croix est aussi le lieu d’une naissance. Jésus a été dépouillé de ses vêtements. Il tourne le dos à sa vie humaine et entrevoit l’inauguration d’un monde nouveau, de ce Règne où il entraîne tous ceux qui se rendent à lui dans la confiance. Le deuxième larron a perçu en Jésus, on ne sait trop comment, le Sauveur, le Juste, comme le nommera le centurion (23, 47), celui « qui n’a rien fait de mal ». Il lui reconnaît une souveraineté, une royauté. Il a regardé lui aussi, et il a vu. C’était le désir de Zachée : voir qui est Jésus. A la demande du malfaiteur : « Souviens-toi de moi dans ton Règne », Jésus lui assure : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Il s’agit du même « aujourd’hui » que pour Zachée : « Aujourd’hui, le salut est venu dans cette maison » (19, 9). L’aujourd’hui du Règne de Dieu, toujours offert, l’aujourd’hui du salut qui nous délivre de nos enfers.
Le Paradis : le lieu où on est avec Dieu et avec Jésus. C’est le lieu de l’Alliance, de la Communion que Jésus vient restaurer et inaugurer à travers sa mort libératrice.
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