Jean-Philippe TROTTIER, Ed. Artège, 2022, 216 p., 17,90 €.
Voici un livre de combat. Il s’inscrit dans un contexte social marqué par le surgissement d’idéologies qui revendiquent la défense de groupes humains discriminés ou s’opposent à des institutions et des réalités sociales jugées oppressives. La plupart de ces courants, que l’on regroupe sous les appellations de cancel culture (culture de l’annulation) ou de woke (réveillé) nous viennent d’Amérique du Nord, mais ont trouvé un terrain fertile, notamment dans les universités d’Europe. L’auteur de cet ouvrage est québécois, philosophe et journaliste. On trouve, dans les premières pages du livre, une liste non exhaustive des phénomènes qu’il se propose d’étudier : « … remise en cause de l’homme blanc, perte de repères familiaux traditionnels, revendications minoritaires sans fin (…) repentance, écriture inclusive, hystérie woke, déferlante dénonciatrice (…) dogmatisme végan », etc. L’originalité de son approche consiste à caractériser ces courants comme des idoles, qui prennent la place de ce qui constituait les fondements de nos sociétés, en particulier leur enracinement religieux. Un important chapitre du livre montre ainsi comment cette idolâtrie s’appuie sur la « récupération inconsciente d’images et de personnages du christianisme ». Même si des combats menés au nom de ces idéologies peuvent avoir une motivation noble, ils sont privés de transcendance et tombent facilement dans une dynamique de rejet. Au nom d’une défense de la victime, une violence symétrique se déploie : « La victime d’hier devient le bourreau d’aujourd’hui ». On l’aura compris, c’est un livre qui fait réfléchir. Sa lecture n’est pas facile, et on ne partagera pas forcément toutes les analyses de l’auteur, mais il pose des questions importantes, en particulier pour le chrétien sollicité par un environnement qui cherche à saper les fondements de sa foi et de son agir.
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