Voici quelques extraits de la lettre pastorale que le cardinal Joseph De Kesel a lui-même présentée lors d’un rassemblement à la Basilique de Koekelberg.
Il est faux de croire que, maintenant que le processus synodal est derrière nous, nous n’avons plus qu’à attendre des résultats venant de « plus haut ». Nous avons appris quelque chose qui gardera toute son importance : nous avons appris à nous écouter mutuellement… Écouter, entrer en dialogue, discerner ensemble ce qui est important et ce que l’Esprit Saint nous demande, tel est le chemin que nous avons parcouru. Il n’y a pas de dialogue sans écoute bienveillante.
Entrer en dialogue est autre chose que d’avoir raison le plus vite possible. S’écouter mutuellement et discerner ensemble n’est pas seulement important pour obtenir des résultats, ils font déjà partie du but que l’on veut atteindre ! Car c’est quand même notre désir le plus profond et la raison pour laquelle le Pape François nous a invités à ce processus : devenir une Église plus fraternelle et synodale et non une Église autosuffisante et cléricale…
Le processus synodal fait appel à la participation et à la communion de toute l’Église. Mais la communion et la participation ont pour objectif la mission. Si nous aspirons à une Église plus fraternelle et synodale, ce n’est pas pour être dans l’air du temps ou simplement en vue d’une plus grande convivialité. C’est pour être des signes vivants de l’Évangile afin qu’en nous, davantage dans ce que nous faisons que ce que nous disons, on puisse reconnaître ce que le Seigneur a en vue avec son Évangile. Nous devons toujours nous poser la question de savoir si, par ce que nous disons et faisons, nous faisons davantage et mieux connaître l’Évangile.
Dans cette mission de faire connaître l’Évangile, force est de constater que nous éprouvons une grande impuissance. La transmission de la foi aux générations suivantes est un de nos plus grands défis… Lorsque nous comparons notre situation à celle d’il y a quelques décennies, nous avons souvent l’impression d’un recul et d’une perte… Pourtant il ne s’agit pas d’une question de nombre… Le Pape François a déclaré : « Le problème n’est pas d’être peu nombreux mais d’être insignifiants, de devenir un sel qui n’a plus la saveur de l’Évangile. Je pense que la préoccupation surgit quand nous chrétiens, nous sommes obsédés par la pensée de pouvoir être signifiants seulement si nous sommes une masse et si nous occupons tous les espaces »…
Les circonstances et le contexte historique dans lesquels nous vivons comme Église et annonçons l’Évangile, ne sont plus ceux de jadis. Jusqu’à une passé assez récent la pensée chrétienne était intimement liée à la culture elle-même. Ce n’est plus le cas aujourd’hui… Ce n’est pas cela qui met l’Église en situation de crise mais bien qu’elle perde la foi en sa mission à cause de cela… Ce n’est pas notre mission de christianiser la société elle-même, mais bien, dans cette société telle qu’elle est, en tout ce que nous sommes, disons et faisons, d’être un signe de l’amour de Dieu pour le monde. Ne pas conquérir mais être présent… être concerné, partageant les joies et les peines, les espérances et les angoisses de ce monde, telle est notre mission.
La société pluraliste nous pose un sérieux défi : comment être présent comme Église et annoncer l’Évangile dans une culture qui est basée sur le respect des convictions d’autrui ?
Douceur et respect : ces deux mots… sont très importants pour la manière dont l’Église est présente dans la société… Cela signifie concrètement que pour témoigner de l’Évangile, les rencontres sont d’une importance déterminante… Il ne s’agit pas ici de l’une ou l’autre stratégie mais bien de l’authenticité de la rencontre. Nous devons attacher une importance prioritaire à ces rencontres et bien accueillir ces personnes. S’intéresser à elles, à ce qu’elles ont à dire, à leurs joies et leurs peines. Ce ne sont pas des clients et nous ne sommes pas des fonctionnaires d’une institution pour affaires religieuses… Des rencontres authentiques ont du sens en soi et sont d’elles-mêmes fructueuses. En réalité, elles ne sont pas purement un travail préparatoire à l’annonce mais elles sont en elles-mêmes annonce de l’Évangile.
Le Cardinal termine sa lettre avec l’exemple donné par Charles de Foucauld. Il est devenu l’ami des Touaregs. Ce fut son Évangile.
Si nous aspirons à une Église plus fraternelle et synodale, ce n’est pas pour être dans l’air du temps ou simplement en vue d’une plus grande convivialité.
Dans nos rencontres, les personnes sont pas des clients et nous ne sommes pas des fonctionnaires d’une institution pour affaires religieuses.
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