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Photo du rédacteurLaurent Bodart, aa

Résurrection (1)

Avec cette série d’articles, nous tentons d’approcher le mystère de la Résurrection. Ce premier article se base sur le récit de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5, 22…43)


Jaïre est un chef de synagogue, un homme respectable et respecté. Il est venu implorer Jésus pour sa fille qui est vraiment mal. Jésus reçoit cette demande et se met en route. Or voici que sur le chemin, alors que la foule le presse, une femme s’approche de lui et le touche. Cette femme est malade. Elle a des pertes de sang depuis douze ans. Douze, c’est aussi l’âge de l’enfant de Jaïre, on l’apprendra plus tard. Au moment où elle touche Jésus, la femme sent qu’elle est guérie. Jésus confirmera la guérison.


Sur ces entrefaites, on apprend à Jésus que l’enfant est morte. A quoi Jésus rétorque, après avoir encouragé Jaïre à la confiance : « elle n’est pas morte, elle dort ». Pénétrant dans l’endroit où repose la jeune enfant, Jésus la fait lever. « Talitha koum », lui dit-il, ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Le verbe utilisé est un des deux verbes qui désignent la résurrection. C’est aussi la première fois dans le récit qu’il est question de « jeune fille » et non plus d’enfant. Et c’est Jésus qui l’énonce.


La fille de Jaïre revit. Jésus n’a pas voulu parler de mort à son sujet, mais de sommeil. Et lorsqu’il la tire de ce sommeil, il l’éveille à un nouvel état. L’appel à la foi « suggère que le pouvoir de Jésus est une force de résurrection » (TOB). Il indique aussi que ce pouvoir est propre à Jésus, et qu’il l’a reçu du Père (voir Jn 5,29 ; 11,25.41).


Pourquoi Marc imbrique-t-il les deux récits ? En quoi la guérison de la femme est-elle importante ? En perdant son sang, la femme est dans l’impossibilité de donner la vie, et on a l’impression qu’en réveillant la fille de Jaïre, Jésus lui donne d’accéder à son statut de femme et donc de mère. La résurrection nous apparaît comme un engendrement, une nouvelle naissance. Et qui dit naissance, dit la nécessité d’une mère. C’est Nicodème qui, étant venu trouver Jésus, s’entend dire qu’il lui faut renaître. A quoi, il réplique : « Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? » (Jn 3,4)


A la Croix, Jésus désignera sa mère comme mère du disciple et celui-ci comme son fils (voir Jn 19,26-27). Aux Noces de Cana (Jn 2), lorsque Marie intervient auprès de Jésus, celui-ci l’interpelle de curieuse manière : « Femme que me veux-tu ». Littéralement : « Quoi entre toi et moi ? » Il l’interpelle sur leur lien, certes, mais aussi sur ce qu’elle sait de lui et sur sa propre vocation. C’est pourquoi, à ce moment-là, Marie introduit Jésus dans sa mission de Fils de Dieu, elle le met au monde, elle répond à sa vocation de mère. A la croix, comme mère du disciple, elle reçoit de l’enfanter à son tour.

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