« L'opinion des hommes est pouvoir. Même lorsqu'elle ne coïncide pas avec la vérité, elle exerce sa force; il faut compter avec elle. L'individu se construit aussi une image de lui-même, une 'auréole' grâce à laquelle il veut s'affirmer dans l'esprit des autres... Il veut conserver son 'auréole' et, pour y parvenir, il doit s'incliner devant celle des autres. La Vérité, elle,
Voilà pourquoi on s'y conforme. L'être humain craint davantage la lueur voisine de l'opinion humaine que la lumière lointaine et non violente de la Vérité. Aussi se soumet-il au pouvoir de l'opinion et devient-il son allié, l'un de ses diffuseurs. Il devient l'esclave de l'apparence. Une fois entré dans l'engrenage, il ne peut plus sortir du filet de la déformation généralisée. Le point de repère de ses actions n'est plus la réalité, ce sont les réactions présumées des autres. On en arrive à une domination de l'opinion et de la contre-vérité. La vie entière d'une société, les décisions politiques aussi bien que personnelles peuvent se fonder sur une dictature de la contre-vérité, dépendre de la façon dont les choses sont présentées et rapportées, et non de la réalité elle-même. Toute une société peut ainsi abandonner la vérité pour sombrer dans le mensonge généralisé, dans un esclavage de contre-vérité, de non-être. »
Card. Joseph Ratzinger, Regarder le Christ, Fayard, 1992, (p. 101-102)
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