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Extrait de « Ressusciter », Christian Bobin


Les saintes que j’ai connues ne se souciaient pas de l’être. Elles étaient de tous âges et de toutes apparences. Elles avaient en commun d’aller dans le monde avec un grand naturel et une décision enjouée, comme s’il n’y avait jamais eu ni loi ni morale. Chacune donnait sans y penser plus d’amour que le soleil donne de lumière. L’une dans son vieil âge s’occupait d’un petit jardin et dormait dans une chambre grande comme une noisette. Une autre, quand elle entrait dans une pièce, la gaieté entrait avec elle, comme un moineau voletant dans ses yeux clairs. Une troisième, âgée de quatre ans, trouvait dans les jeux dont elle ne se lassait pas une raison suffisante pour rire jusqu’à la fin du monde et même au-delà. Et quelques autres ainsi, toutes ignorantes d’elles-mêmes et apportant au monde un bien plus précieux que la vie.




Christian Bobin, Ressusciter, Folio Gallimard, 2001, p. 25.


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