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Le bon berger

Commentaire de l’évangile du 4e dimanche de Pâques B (Jn 10, 11-18)


Le bon berger. Voilà une image qui ne parle peut-être plus tellement aux citadins que sont devenus beaucoup de catholiques aujourd’hui. Peut-être a-t-elle-même nui aux croyants, souvent accusés d’être des ‘moutons de Panurge’, c’est-à-dire des personnes qui imitent sans réfléchir, obéissent sans poser de questions, bref des êtres dociles prêts à gober tout ce qu’on leur raconte.


La bible est pourtant remplie de personnages pour qui cette métaphore était d’autant plus parlante qu’ils étaient eux-mêmes des bergers, des pasteurs, dont les moutons, brebis et agneaux étaient toute la richesse. Qu’on songe à Abraham, nomade possédant des troupeaux ; à Moïse, appelé par Dieu alors qu’il gardait les bêtes de son beau-père ; à Job, mis à l’épreuve en perdant d’abord ses enfants puis ses moutons et ses serviteurs ; au jeune David, affecté à la surveillance du cheptel familial, que le prophète Samuel envoie chercher pour lui donner l’onction comme roi d’Israël.


Pour être ainsi mis à l’honneur dans les Écritures, le berger et ses moutons doivent bien avoir une signification particulièrement importante. Le berger, c’est celui qui veille à ce que le troupeau trouve une nourriture adéquate, ne soit pas attaqué par des prédateurs, rentre au complet au bercail. Et les moutons, dans les civilisations nomades puis rurales, sont ses biens les plus précieux.


Plus tard, la métaphore du berger sera appliquée aux rois d’Israël, gardiens de leur peuple. Et quand ils en arriveront à oublier que le bien du peuple passe avant leurs combines politico-stratégiques, Israël sera vaincu.


Plus tard encore, de nouveaux pasteurs d’âmes apparaîtront avec le christianisme : les évêques, dont le nom signifie veilleurs et dont la crosse évoque le bâton du berger. Cette terminologie pastorale imprègne encore aujourd’hui le vocabulaire religieux chrétien : on parle de nos pasteurs, de pastorale, d’animateurs pastoraux.


Mais ce passage d’évangile nous parle aussi des mercenaires qui nous disent quoi penser, comment agir, et ne le font que pour leur profit personnel. Leur action est aujourd’hui facilitée par des moyens technologiques qui leur permettent de diffuser leurs injonctions en se cachant parfois derrière l’anonymat de certains réseaux. Tels les rois d’Israël, certains pasteurs ont pu ainsi négliger le peuple qui leur est confié pour poursuivre leurs propres intérêts ou assouvir leurs pulsions. Cependant, la plupart ont conscience de la responsabilité qui leur échoit et font honneur au sens profond de leur mission … pastorale.


Ils ont pour cela un modèle : Jésus qui veille sur son peuple, qui en connaît chaque membre, et qui va jusqu’à donner sa vie pour nous, ses « brebis », afin de nous faire entrer, avec lui, dans la vie de Dieu. Pourquoi Jésus va-t-il jusqu’à cette extrémité ? Pas par témérité, pas par goût du spectaculaire ou de la souffrance, pas parce que nous sommes parfaits. Mais parce nous sommes son bien le plus précieux.

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