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Réunion au sommet

L'Evangile de la solennité de la Sainte Trinité, année B (Mt 26, 16-20)



Dans quoi me suis-je embarquée ? Un commentaire d’évangile pour la fête de la Sainte Trinité ! Vous y comprenez quelque chose, vous, à la Trinité ? Je demande donc votre indulgence pour ma tentative de décryptage…


Ça se passe en Galilée, sur une montagne (lieu de la rencontre avec Dieu dans la Bible). En d’autres termes, les disciples sont convoqués pour une réunion au sommet. Je n’invente rien, le texte le dit : « les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. »


Et voilà que certains ont des doutes. Qui n’en aurait pas après avoir vu Jésus mourir sur la croix puis réapparaître inopinément, franchissant les murailles, rééditant la pêche miraculeuse, cheminant soudain avec vous sur la route sans qu’on l’ait vu venir puis disparaissant, sitôt reconnu à la fraction du pain ?


On imagine sans peine les questions qu’ils ont pu se poser :

- Est-ce bien lui ?

- Sommes-nous victimes d’une hallucination collective ?

- Et si tout cela n’était qu’un rêve ?

- Peut-on vraiment revenir du séjour des morts ?

- Il est tantôt présent, tantôt absent. On ne sait jamais quand il va apparaître. Que nous veut-il cette fois-ci ?


Sans doute, en bons Juifs, ont-ils compris que si Jésus les convoquait sur la montagne, c’était du sérieux. Tant de rencontres majeures entre Dieu et les patriarches ou les prophètes ont eu lieu sur des montagnes. Et les plus futés y auront peut-être vu la confirmation que celui dont ils avaient partagé la vie trois années durant était bien le Fils de Dieu.


Effectivement, c’était du sérieux. Car dans l’évangile selon Matthieu, c’est la dernière fois qu’ils l’ont vu de leurs propres yeux. Et ils ont reçu ses dernières paroles qui leur confiaient une sacrée responsabilité en leur intimant l’ordre d’aller faire des disciples de toutes les nations.


Quel rapport, me direz-vous, avec la Sainte Trinité ? Et puis, comment ça, faire des disciples ? C’est plus facile à dire qu’à faire ! Nous-mêmes, en ces temps de déchristianisation, nous savons bien qu’il ne suffit pas de le vouloir pour transmettre aux autres notre foi en Jésus-Christ, Fils d’un Dieu d’Amour.


Et c’est là que nous est fournie une clé, car ces futurs disciples seront baptisés « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Ils ne sont donc pas tout seuls, le Père et le Fils, enfermés dans une relation fusionnelle où ils se suffiraient à eux-mêmes. Un troisième personnage vient s’insérer dans le binôme, instaurant une triangulation où s’inscrit la relation. Et ce troisième personnage est indispensable pour que nous, les humains, nous puissions entrer dans une relation avec Dieu et en faire rejaillir les bienfaits dans nos relations avec nos sœurs et nos frères en humanité.


Sans l’Esprit Saint qui est venu habiter le cœur des apôtres le jour de la Pentecôte, Jésus serait pour nous, au mieux un personnage original mentionné en quelques lignes par les historiens romains, au pire un illustre inconnu. La foi en Jésus-Christ répandue à travers le monde, c’est l’œuvre de l’Esprit-Saint qui nous fait reconnaître en ce même Jésus le Fils unique de Dieu et nous conduit à faire, pour les autres, ce que nous voudrions qu’ils fassent pour nous.


Si nous n’avons pas eu le privilège de voir Jésus en chair et en os, nous avons celui d’avoir reçu à notre baptême ce don de l’Esprit qui nous fait reconnaître en l’autre le visage du Christ et donc un enfant de Dieu. C’est donc par lui que Jésus, à qui tout pouvoir a été donné par Dieu, continue à surgir inopinément sur nos routes humaines. Et nous comprenons que c’est cet Esprit qui agira en nous pour accomplir un petit bout de cette mission impossible : de tous les peuples faire des disciples.


Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit !

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